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Lors d’une vente immobilière, déclarer les sinistres passés constitue une obligation légale que nous méconnaissons souvent. Cette transparence sur l’historique du bien protège à la fois vendeur et acheteur, mais que se passe-t-il en cas d’omission ? Vous découvrirez les règles précises de cette déclaration, la gestion des sinistres survenant pendant la vente, et les recours possibles en cas de manquement à cette obligation.

Ce qu'il faut retenir :

📝 Déclaration obligatoire
Obligation légale d'informer sur les sinistres passés
Vous devez déclarer par écrit tous les sinistres indemnisés depuis 1982 lors de la vente immobilière, afin de garantir transparence et éviter des litiges futurs.
⚠️ Sinistres concernés
Seuls ceux reconnus par arrêté ministériel ou préfectoral
Seuls les sinistres indemnisés par catastrophe naturelle, minière ou technologique depuis 1982 doivent être déclarés, excluant notamment les tempêtes sans arrêté spécifique.
📋 Forme et délai
Déclaration libre, à faire lors de la vente
La déclaration doit être réalisée au moment du compromis ou de l'acte authentique, en incluant détails, références d'arrêté, montant et dates des sinistres.
🔧 Gestion entre signature
Expertise et négociation en cas de dommages
En cas de sinistre après le compromis, il faut maintenir l'assurance, faire expertiser et négocier une éventuelle réduction du prix ou délai de réparation.
🔥 Sinistre irrémédiable
Renonciation automatique à l'achat
Si le bien est gravement endommagé ou inutilisable, l'acheteur peut se rétracter, et le compromis devient une vente annulée avec restitution des acomptes.
⚖️ Responsabilités légales
Obligation d'information du vendeur
Le vendeur doit fournir une déclaration complète et sincère pour respecter la législation, sous peine de sanctions et de recours pour l'acheteur.
💼 Recours en cas d'omission
Résolution, baisse ou indemnisation
En cas d'oubli, l'acheteur peut demander une réduction du prix, annuler la vente ou obtenir des dommages-intérêts si la non-déclaration a causé un préjudice.
🔒 Maintien de l'assurance
Obligatoire jusqu'à la signature
Le vendeur doit conserver son contrat d'assurance actif jusqu'à la signature chez le notaire, pour couvrir tout sinistre survenu durant la période transitoire.
💰 Diminution ou annulation
En cas de sinistre majeur ou non réparé
L'acheteur peut réduire le prix ou se désengager si le sinistre affecte profondément la valeur ou l'usage du bien, après expertise et procédure juridique.

📋 Obligation d’information et déclaration des sinistres

L’obligation d’information sur les sinistres constitue un pilier fondamental de la transaction immobilière depuis la loi de 2003. L’article L 125-5 du Code de l’environnement impose au vendeur d’informer par écrit l’acquéreur de tout sinistre ayant affecté le bien immeuble bâti pendant sa période de propriété ou dont il a été informé par le précédent propriétaire. Cette déclaration sinistre acte de vente s’inscrit dans le cadre plus large de l’Information des Acquéreurs et Locataires (IAL), qui comprend l’état des risques et la déclaration des sinistres indemnisés.

Le dispositif IAL ne concerne que les sinistres ayant donné lieu au versement d’une indemnité au titre de la garantie catastrophe naturelle, selon les articles L 125-2 et L 125-1 du Code des assurances. Cette obligation s’applique dans 34 668 communes françaises sur 35 411 répertoriées au cadastre, soit moins de 1% des villes qui en sont exemptées. La déclaration doit être mentionnée dans l’acte authentique constatant la réalisation de la vente et permet de maintenir une mémoire des catastrophes qui se transmet à chaque transaction immobilière.

💡 La loi de 2003 impose une obligation légale de déclaration écrite des sinistres affectant le bien immobilier lors de la transaction.

Les origines des dommages peuvent être multiples (infiltrations, dégradations biologiques, efflorescences) ; pour approfondir les causes et solutions de ces altérations, voir causes de dommages à la maison. Cette transparence vise à protéger le propriétaire contre tout recours pouvant conduire à l’annulation ou la contestation du contrat, tout en permettant à l’acquéreur d’acheter en meilleure connaissance de cause.

Sinistres concernés et périmètre légal

Le périmètre légal de la déclaration des sinistres indemnisés se limite exclusivement aux événements ayant donné lieu à indemnisation au titre du régime des catastrophes naturelles, minières et technologiques. Les références légales sont les articles L 125-1 à L 125-5 du Code de l’environnement et L 125-2 du Code des assurances. Seuls les sinistres reconnus par arrêtés ministériels ou préfectoraux depuis 1982 entrent dans le champ d’application, délimitant ainsi les périmètres pris en compte commune par commune.

💡 Seuls les sinistres indemnisés par des arrêtés ministériels ou préfectoraux depuis 1982 entrent dans le champ d’application légal, principalement ceux liés aux catastrophes naturelles.

Les arrêtés CatNat concernent principalement les catastrophes naturelles, qui représentent plus de 99% des arrêtés publiés. Sont exclus les sinistres indemnisés au titre d’autres garanties d’assurance, comme la garantie tempête des contrats habitation classiques. La tempête de 1999 constitue une exception notable, ayant donné lieu à des arrêtés ministériels CatNat et à des indemnisations de sinistres. Cette exclusion s’explique par le fait que les coups de vents supérieurs à 100 km/h peuvent se produire sur tout le territoire et ne constituent pas un risque contingent à l’environnement proche du bien immobilier.

Type de sinistre Condition d’indemnisation
Inondation Arrêtés CatNat pris par la préfecture
Mouvement de terrain Indemnisation sous conditions de sécheresse et argiles
Séisme Reconnu par arrêté ministériel

Forme, contenu et délais de la déclaration

Contrairement à d’autres documents réglementaires, il n’existe pas de formulaire CERFA dédié pour la déclaration des sinistres indemnisés. Cette déclaration prend la forme d’un document libre répertoriant chaque sinistre survenu depuis 1982 avec des informations précises : date de reconnaissance, nature du sinistre, montant de l’indemnité versée et références d’arrêté préfectoral ou ministériel. Le propriétaire peut solliciter l’aide de son assureur pour recueillir les informations nécessaires du dossier sinistre complet.

💡 En cas de sinistre survenant entre la signature du compromis et l’acte de vente, il est essentiel de maintenir l’assurance et d’évaluer les dégâts pour décider d’une renégociation ou d’une renonciation.

La chronologie de remise suit un processus en deux étapes : la déclaration doit être établie au moment de la promesse de vente (compromis) puis actualisée au moment de la signature de l’acte authentique chez le notaire. Elle s’insère en annexe de l’état des risques (ERP/ERNMT) ou directement dans l’acte authentique selon les cas. Parallèlement à l’état des risques dont la durée de validité est fixée à 6 mois, il est recommandé de suivre une veille réglementaire garantissant la mise à jour continue des informations.

Une checklist interne type comprend : la date de reconnaissance officielle, le type précis de sinistre (inondation, mouvement de terrain, etc.), le montant exact indemnisé par l’assureur, les références complètes de l’arrêté concerné et la période de propriété durant laquelle le sinistre s’est produit. Cette documentation constitue la base de données indispensable pour constituer une déclaration conforme aux exigences légales et éviter tout litige ultérieur.

💡 La déclaration de sinistre doit être précise, incluant la date, la nature, le montant indemnisé et la référence à l’arrêté concerné, sans formulaire CERFA spécifique.

📝 Conséquences d’un sinistre avant ou après signature du compromis

Lorsqu’un sinistre survient entre la signature du compromis et l’acte définitif, deux scenarii se dessinent selon l’ampleur des dégâts. Le contrat d’assurance habitation doit être maintenu par le vendeur jusqu’au jour de la signature de l’acte définitif, car un sinistre peut survenir à tout moment, même la veille du rendez-vous chez le notaire. La gestion du sinistre dépend de la capacité du bien à retrouver son état initial et de l’impact sur la valeur intrinsèque de l’immeuble.

Que faire en cas de dommages entre le compromis et l’acte de vente ? La démarche se structure en trois points : maintien obligatoire de l’assurance par le vendeur, réalisation d’une expertise technique avec devis détaillés, puis choix entre poursuite de la vente avec renégociation éventuelle ou renonciation selon les dommages. L’état des lieux contradictoire avec accord amiable consigné devant notaire ou médiateur constitue la solution privilégiée pour éviter les contentieux.

  1. Déclaration immédiate du sinistre à l’assureur
  2. Expertise et établissement de devis détaillés
  3. Négociation des modalités (prix, délais de remise en état)
  4. Consignation de l’accord dans l’acte authentique ou renonciation

Bien réparable : poursuite de la vente et renégociation

Dans le cas de dommages réparables, la vente peut se poursuivre normalement. Les sinistres les plus courants concernent les dégâts des eaux provenant du logement ou de l’appartement supérieur, ainsi que les actes de vandalisme. La négociation porte sur plusieurs devis détaillés permettant de chiffrer précisément le montant des réparations et d’évaluer les délais de remise en état du bien. Cette phase peut retarder la prise de possession des lieux par l’acquéreur, justifiant une adaptation des conditions financières.

💡 La non-déclaration ou omission de sinistres lors de la vente peut engager la responsabilité du vendeur, avec des recours pour l’acquéreur tels que la résolution du contrat ou la demande de dommages-intérêts.

La renégociation du prix nécessite un accord amiable entre vendeur, acquéreur et assureur, réunis devant le notaire. Le montant et la durée du préjudice étant connus grâce aux expertises, les parties peuvent trouver un arrangement financier équitable. L’accord est alors consigné dans l’acte de vente avec les nouvelles modalités. En cas de désaccord, le recours au médiateur permet de débloquer la situation sans compromettre la transaction immobilière.

La solution privilégiée consiste à obtenir plusieurs devis professionnels indiquant montant précis et délai de remise en état, puis à négocier soit une diminution du prix d’achat proportionnelle aux dommages, soit un délai supplémentaire avec prise en charge des frais par l’assurance. Cette approche pragmatique évite de recommencer toute la procédure de vente et préserve les intérêts des deux parties.

Bien irrémédiablement endommagé : droit de renonciation

Si le bien est détruit par un incendie ou rendu inutilisable, l’acquéreur peut renoncer de plein droit à l’acquisition. Cette renonciation s’applique aussi lorsque le sinistre affecte “l’âme des lieux”, comme la destruction du pigeonnier donnant son cachet à la demeure ou de la serre bioclimatique ceinturant la maison. La valeur intrinsèque du bien s’en trouve affectée au point que son acquisition perd tout intérêt pour l’acheteur.

💡 En cas de dommages réparables, une négociation amiable avec devis détaillés permet de poursuivre la vente avec une réduction de prix ou un délai supplémentaire.

La jurisprudence confirme régulièrement la reconnaissance de l’acquéreur comme propriétaire à la date du sinistre, selon la notion d’“intérêt à l’assurance”. Cette doctrine présume que l’acquéreur est davantage concerné par les conséquences du sinistre que le vendeur, puisqu’au moment de la remise en état, il en sera propriétaire. Le compromis de vente vaut vente, les parties s’étant entendues sur la chose et le prix.

Le processus de résolution du compromis entraîne la restitution des acomptes versés et l’annulation de toutes les obligations contractuelles. La notion de sinistre irrémédiable s’apprécie au cas par cas selon l’impact sur la fonctionnalité du bien et ses caractéristiques distinctives. L’évaluation technique par un expert permet de déterminer objectivement si les dommages compromettent définitivement l’usage prévu de l’immeuble.

💡 Lorsqu’un sinistre rend le bien irrémédiablement inutilisable, l’acquéreur peut se rétracter de plein droit, la valeur de l’immeuble étant considérablement affectée.

⚖️ Responsabilités et recours en cas d’omission ou de litige

L’article L 125-5 du Code de l’environnement établit clairement les obligations légales du vendeur : information écrite obligatoire sur les sinistres indemnisés et mention dans l’acte authentique. Cette responsabilité ne peut être déléguée aux services municipaux, bien que le propriétaire puisse mandater un professionnel pour établir la déclaration. En cas de non-respect de ces dispositions, l’acquéreur dispose de recours juridiques précis sanctionnés par la garantie des vices cachés classique.

Les voies de recours incluent la résolution du contrat, la diminution du prix ou l’octroi de dommages-intérêts selon l’article L 125-5 V. L’acquéreur peut exercer ces droits dans un délai de prescription de 5 ans en matière de vices cachés. Une clause d’indemnisation spécifique insérée dans le compromis permet d’anticiper ces situations et de clarifier les modalités de réparation en cas d’omission découverte ultérieurement.

La vérification de la déclaration par un professionnel (notaire, avocat spécialisé en droit immobilier) constitue une précaution recommandée pour éviter tout contentieux. Cette expertise juridique préventive permet de s’assurer de la conformité de la déclaration aux exigences légales et de la complétude des informations transmises à l’acquéreur. Le coût de cette vérification reste marginal comparé aux conséquences financières d’un litige ultérieur.

Obligations du vendeur et maintien de l’assurance

Le vendeur doit maintenir son contrat d’assurance habitation actif jusqu’à la signature de l’acte définitif, selon les dispositions du Code des assurances relatives à l’intérêt à l’assurance. Cette obligation s’explique par la nécessité de couvrir les risques pendant la période transitoire entre compromis et acte authentique. L’attestation d’assurance doit être produite au notaire le jour de la signature pour attester du respect de cette obligation légale.

La responsabilité du propriétaire pour la déclaration des sinistres s’étend aux parties communes d’un bien en copropriété, même si les parties privatives n’ont pas été touchées. Chaque copropriétaire possédant une quote-part des parties communes, ces dernières doivent être incluses dans la déclaration des sinistres après consultation du syndic. Cette extension de responsabilité nécessite une coordination avec la gestion de copropriété pour obtenir l’historique complet des sinistres.

Le défaut de maintien de l’assurance expose le vendeur à des sanctions contractuelles et peut compromettre la validité de la transaction. La production de l’attestation d’assurance constitue une condition suspensive implicite de la réalisation définitive de la vente, garantissant la protection des intérêts de toutes les parties prenantes à la transaction immobilière.

Droits de l’acquéreur : diminution du prix, annulation du contrat

L’exercice de la diminution du prix selon l’article L 125-5 V s’appuie sur l’évaluation des préjudices subis par l’acquéreur du fait de la non-information. Cette diminution se calcule proportionnellement à l’impact des sinistres omis sur la valeur vénale du bien et les coûts de remise en état ou de prévention des risques futurs. La procédure nécessite une expertise contradictoire pour chiffrer précisément le préjudice subi.

La résolution du contrat constitue le recours ultime lorsque l’omission porte sur des sinistres majeurs compromettant l’usage prévu du bien par l’acquéreur. Les délais légaux pour agir varient selon le fondement juridique : prescription décennale, biennale ou vices cachés selon la nature du préjudice. Cette diversité de régimes nécessite une analyse juridique fine pour déterminer le délai applicable et optimiser les chances de succès de l’action.

Les conditions d’exercice de ces recours exigent la preuve de l’omission, du préjudice subi et du lien de causalité entre les deux. L’acquéreur doit démontrer que la connaissance des sinistres omis aurait influencé sa décision d’achat ou les conditions financières négociées. Cette charge de la preuve justifie l’importance de la vérification préalable de la déclaration et de la constitution d’un dossier juridique solide en cas de découverte ultérieure d’omissions.